Les pressions humaines sur l’environnement n’ont, dans la Caraïbe et plus spécifiquement dans nos régions, jamais été aussi fortes que de nos jours. Les enjeux majeurs, pour l’avenir proche et lointain, sont multiples et chargés d’incertitudes. L’occupation massive des espaces sensibles (tropisme littoral…), l’urbanisation, l’extension du bâti et des infrastructures condamnent les milieux tant continentaux qu’insulaires de la Caraïbe, à des dégradations dont certaines sont irréversibles. Elles génèrent un appauvrissement du capital environnemental que l’on se doit de réduire. De plus dans un contexte à hauts risques (sismiques, hydrométéorologiques, volcaniques…), cette emprise spatiale aggravée s’accompagne d’une récurrence des crises que toutes les mesures de prévention et de gestion ne parviennent pas à réduire, tant dans leur nombre que leurs effets spatiaux. Les îles des Antilles vivent au rythme des inondations, glissements de terrain, tempêtes et ouragans, sans évoquer l’impact dévastateur de l’activité sismique. Même si les risques n’ont jamais autant fait l’objet de mesures de réduction, et ce, à tous les niveaux scalaires (international, national, régional, local…), et si la vulnérabilité n’a jamais autant fait l’objet d’études, les crises se succèdent, certes parfois sans gravité majeure, mais de façon inéluctable. Le développement d’une culture du risque a fait l’objet de multiples initiatives tant officielles que par le biais de la société civile. Et pourtant, la crise fait partie du quasi quotidien, sans parler de celle, sociale, qui déstabilise les sociétés confrontées à une mondialisation, source d’ouvertures, mais aussi de concurrences et d’éliminations. Les sociétés et les environnements insulaires sont, face à cela, très fragiles et exposés. Pour contenir ces déséquilibres, aménager les espaces en prenant en considération les contraintes imposées par les aléas naturels et sociaux, mais aussi la nécessité de limiter les déperditions environnementales, est un enjeu majeur, un défi essentiel auquel il s’agit de répondre. Car il ne peut plus s’agir désormais d’occuper le territoire, de légaliser l’illégal a posteriori comme ce fut le cas (ex légalisation des constructions illégales sur le littoral) mais de repenser l’emprise spatiale en fonction de multiples critères croisés parmi lesquels les contraintes socio-environnementales. Aménager en anticipant, avec des contraintes multiples, ne serait-ce que l’exiguïté des domaines susceptibles d’être construits, préserver ce qui se doit d’être pérenne, relève des défis que les territoires, notamment ceux de nos Régions, doivent réussir. La recherche en géographie a, dans ce domaine, toute sa place. Toutefois les approches multicritères et croisées seront privilégiées. Ainsi, le rapport social antillais aux contraintes liées à la prise en compte de ces facteurs de risque est le fruit d’une longue construction historique. Elle est source de freins mais aussi de solutions originales. Elle a enfin produit une relation spécifique aux notions même de risque et de crise. La prise en compte de ces éléments est indispensable à la réussite de tout processus de mitigation. L’approche pluridisciplinaire qui est notre ambition devrait nous rendre à même de répondre à cette exigence.
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